En ces temps difficiles, où la recherche d’emploi consiste le plus souvent en un véritable parcours du combattant, les femmes de plus de cinquante ans cumulent les handicaps : on sait déjà que l’âge est un facteur discriminant à l’embauche, et que les plus âgés sont les premiers licenciés en cas de fermeture d’une entreprise. Le fait d’être, en plus, une femme, semble ajouter à la difficulté. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au-delà de 55 ans, le taux d’emploi est de 44% chez les hommes et de 39% chez les femmes.
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Quelles sont les difficultés rencontrées par les séniors dans leurs recherches d’emploi ?
Il y a eu assez peu, sinon pas du tout, d’études sur la question, si ce n’est un article sur le site de l’Express voici déjà plusieurs mois, et une émission de télévision en 2010, axée surtout sur le relooking des femmes de plus de 50 ans avant un éventuel entretien d’embauche. Les femmes seniors en recherche d’emploi ont pourtant à se heurter aux conséquences d’un parcours professionnel moins favorisant que celui de leurs homologues masculins : métiers moins évolutifs, moins bien payés, postes avec des responsabilités moindres, qui font que, l’âge venant, elles ont moins de chances d’être réembauchées ou conservées au sein de l’entreprise. En outre, elles parviennent souvent en fin de carrière avec un état de santé moins satisfaisant que celui des hommes : stress, absence de prime de pénibilité, double journée de travail, sont le lot d’une majorité de femmes dans leur vie quotidienne, avec un impact important sur leur santé physique et psychique.
Comment aider les femmes séniores à retrouver un emploi ?
Le problème est tel que des associations se sont créées avec comme but de soutenir les femmes de plus de 45 ans dans leurs démarches pour retrouver un emploi ou pour créer une entreprise. » Force Femmes » par exemple les accompagne sous la forme d’ entretiens individuels, organise des ateliers et des forums, propose des groupes de coaching. Autre exemple, » A compétence égale » se consacre à la lutte contre les discriminations au moment de l’embauche, et » Retravailler » soutient celles qui recherchent un travail après une interruption de carrière ou pour les femmes seniors au chômage.
Autre aide possible pour cette catégorie de population, un site » Travailler après 45 ans » , qui propose une aide en ligne (sans distinction de sexe, cette fois) dans plusieurs directions : les moyens et les fondamentaux pour trouver un emploi, des conseils pour sécuriser son emploi, des documents dédiés à la création d’entreprise, et un récapitulatif de tous les contacts utiles. En outre sont répertoriés sur le site tous les textes concernant les mesures, nationales ou régionales, liées à l’aide à l’emploi. Ce site s’adresse tout autant aux hommes qu’aux femmes, mais il peut bien évidemment être utile à ces dernières en plus de toutes les aides spécifiques qu’elles pourront trouver.
Quoi qu’il en soit, il ressort des différentes recherches sur le sujet de l’emploi chez les femmes seniors que les problèmes liés à sa mise en œuvre relèvent de plusieurs origines : l’une des premières à prendre en compte serait le manque de confiance en soi des principales intéressées. Il est difficile de leur faire admettre que l’âge peut d’une certaine façon jouer en leur faveur : richesse des expériences, recul face aux problèmes rencontrés, connaissance du terrain, sont des arguments qu’elles peuvent mettre en avant dans une lettre de motivation ou un entretien d’embauche. Par le biais de » Force femmes « , elles peuvent entre autre apprendre à analyser leurs propres compétences, mais aussi échanger avec leurs pairs afin de confronter leurs idées, de se donner des » trucs « , de s’exercer à gérer différentes situations. En particulier, des ateliers pratiques sont mis en place, qui tournent autour du thème du recrutement, comme par exemple : » Savoir se présenter en 3 minutes « , » La candidature spontanée » ou » L’entretien d’embauche « . Idem pour le volet création d’entreprise, où il sera proposé aux femmes des ateliers sur les sujets suivants : » Le montage de projet » ou » Savoir se vendre et inspirer les autres « . Le groupe permet de dynamiser les projets de chacune, de les inscrire dans une démarche solidaire et stimulante, de mettre en route des interactions souvent plus efficaces qu’une simple démarche individuelle. Seul inconvénient, qui est pointé par de nombreuses femmes ayant cherché de l’aide auprès de cette association : il faut être inscrite à Pôle Emploi depuis moins de deux ans, ce qui hélas représente un obstacle pour nombre d’entre elles.
En ce qui concerne » Retravailler « , loin de s’être limitée à son rôle originel qui était de faire retrouver un emploi aux femmes qui s’étaient arrêtées pour un temps consacré à l’éducation de leurs enfants, l’association a élargi son action, qui s’étend aujourd’hui à des champs divers : reclassement et réinsertion bien sûr, mais aussi professionnalisation et formation, avec la tentative permanente de neutralisation des obstacles spécifiques aux femmes dans leur parcours professionnel. Un certain nombre de services sont ainsi mis à disposition des femmes qui cherchent du travail : bilan de compétences et orientation, par exemple, à travers une approche très personnalisée de chaque cas.
Quant au groupement » A compétence égale « , son site annonce la couleur ainsi : » des cabinets de conseil en recrutement s’engagent dans la lutte pour l’égalité des chances « . Il s’agit donc d’une véritable synergie de consultants qui se sont associés pour garantir une » égalité dans le traitement des candidatures « , ceci à travers plusieurs étapes du processus de sélection : leur priorité est de lutter contre la discrimination sous toutes ses formes. L’association publie également 4 guides pratiques, dont un intitulé » Cadres seniors : recruter sans discriminer « .
Il n’en reste pas moins que le paradoxe demeure : dans une société où l’on encourage les individus à travailler plus longtemps, à prendre leur retraite de plus en plus tard, pour des raisons économiques mais aussi parce que l’espérance de vie s’allonge, et que l’on a encore de l’énergie et l’envie de travailler même après 50 ans, on continue à semer, voire on renforce, l’idée que les seniors n’ont plus rien à faire dans le monde du travail. Les femmes en subissent les conséquences doublement : interruption dans leur parcours, image dévalorisée d’elle-même, manque de confiance en soi, elles sont là aussi les dindons de la farce. On va jusqu’à leur proposer des séances de relooking pour postuler à certains types d’emploi ! C’est donc encore à elles de mener le combat que certaines n’ont jamais cessé, et de montrer que finalement leur âge peut être aussi un atout dans l’entreprise : elles sont plus disponibles qu’auparavant, possèdent des capacités relationnelles qu’elles ont affinées au long de leur carrière, et peuvent représenter un véritable plus dans une équipe intergénérationnelle. A elles de mettre ces qualités en avant : elles le valent bien !